- Marc Boyer
- Essais de voiles
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Essai de l'Advance Omega ULS
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Omega est la vingt-quatrième et dernière lettre de l'alphabet grec. C’est aussi le nom d’un célèbre fabricant suisse de montres de luxe. Mais pour nous, ce nom évoque avant tout une aile qui a marqué l’histoire du parapente. L'Advance Omega a en effet gagné des championnats du monde et des Coupes du monde. Depuis 2015, elle porte l’appellation X-Alps. Construite pour gagner cette course mythique, elle a rempli son contrat à chaque fois qu’elle a été pilotée par Chrigel Maurer, autre légende du parapente. Sa cinquième version devient l’Omega ULS.
Pour tous ceux qui sont intéressés par les aspects techniques de construction et de concept, je vais entrer un peu dans le détail parce que cette aile le mérite vraiment. Pour ceux que seuls les comportements intéressent, rendez-vous au paragraphe suivant !
L’Omega ULS est proposée en 4 tailles avec l’arrivée de la petite 21. Son allongement a été réduit, passant de 6,95 à 6,80 pour le même nombre de cellules : 63. Par rapport à l’OXA3, elle gagne en poids, avec environ 400 grammes de moins, et en compacité grâce à l’utilisation du tissu Dominico Dokdo 10 en intrados, complété par des nouveaux élévateurs plus fins, plus souples et plus légers (Technora 12 mm). Une petite barre de pilotage en carbone sur les B et un accélérateur agissent sur les deux brins d'élévateurs par un système de mouflage. Cet accélérateur très épuré agit en donnant du vrillage positif sur les bouts d’ailes.
Le suspentage se divise en 4 parties basses sur les A et 3 parties basses sur les B. Les suspentes non gainées sont en aramide Edelrid Pro Dry, avec des couleurs différentes selon l'emplacement. Déjà utilisées avec succès sur les Iota DLS, ces suspentes offrent une très bonne résistance à l’eau, garantissent un excellent niveau de rupture tout en étant moins sujettes aux variations de longueur. Des softlinks DC 500 relient les suspentes aux élévateurs.
L’Omega ULS pèse 3,15 kg en 22. Elle fait donc partie des ailes les plus légères de sa catégorie. L’extrados est fabriqué avec le fameux Porcher Skytex 27 double enduction. Mais pour faire une aile légère, il ne suffit pas d’utiliser simplement des matériaux légers. C’est sur la structure interne que l'essentiel repose, et le concept Advance "sliced diagonals" offre une excellente répartition des efforts, empêchant les déformations tout en limitant le poids et le volume de la structure interne.
Toujours sur le thème des formes et des déformations, le bord d’attaque est construit sur le concept "3D Shaping" inventé par Advance et désormais utilisé par presque toutes les marques. Il permet d’obtenir une forme parfaite en agissant directement sur les tensions dans l’envergure et en supprimant l’effet de "ballooning" (cellules qui se compriment entre elles et s’épaississent en prenant une forme arrondie entre chaque nervure porteuse). Le bord d’attaque, pièce maîtresse de l’aile, est ainsi construit avec 3 bandes transversales disposées dans le sens de l’envergure. La première bande, située juste au-dessus des ouvertures, est en Porcher Skytex 32 à simple enduction, qui donne plus de rigidité et de tension grâce à une trame serrée. Les deux autres bandes sont en Skytex 27 g à double enduction, un tissu plus souple grâce à une trame plus large. L’ensemble est complété par des renforts en Nitinol. Ces joncs en nickel-titane, en plus d’être ultra légers, sont très élastiques et ne se déforment pas. On les retrouve aussi le long de l’extrados sur certaines nervures pour obtenir un état de surface et un écoulement parfaits.
Gonflage rapide et très homogène, surtout pour une aile en 2 lignes de 6,8 d’allongement. L’aile ne se tortille pas tel un serpent, comme c’est souvent le cas avec les ailes allongées. L’élévation est franche et sans point dur. Par vent soutenu (à partir de 20 km/h), il faudra soigner ses placements au sol pour gérer l'accélération de l’aile lors de la montée. Dans ces conditions, l’Omega ULS ne vous attendra pas gentiment au zénith ! Il faudra la contrôler, comme toutes les ailes qui ont de longs cônes et une envergure importante. Il faut élever l'aile avec un maximum de progressivité pour éviter d'avoir à agir sur les commandes avec de grandes amplitudes et écarter le risque de se faire arracher du sol.
Faire du cobra est un jeu d’enfant à partir de 15 km/h de vent. J’ai aussi eu l’occasion d’apprécier les qualités de gonflage de l’Omega sur des décollages sans vent voire légèrement arrière. Bref, sur le thème du gonflage et du décollage, l’Omega ULS fait partie des 2 lignes les plus efficaces que je connaisse. C’est une qualité essentielle quand il s’agit de se mettre en l’air sur des terrains exigeants.
Pour réaliser mes essais, j’ai volé avec la taille 21 (fourchette PTV de 65 à 80 kg). J’ai volé au PTV de 70 kg avec un Stay Up 2 et au PTV de 75 kg avec un Suspender 2. Deux cocons dont j’ai l’habitude. Chaque fois que je découvre une aile Advance, je suis bluffé par la qualité qu’elle dégage. Le tissu, les coutures, les élévateurs, le sac de compression respirent le très haut de gamme. Advance reste imbattable sur le thème de la qualité et s’il faut un numéro 1, pour moi, c'est Advance !
L’aile est lisse comme une aile d’avion, tendue. Comme chaque fois que j’essaie une nouvelle aile, je prends de la marge, j’y vais pas à pas le temps de la découvrir et de la comprendre.
Ca tourne au millimètre. La voile est réglée avec une garde des freins d’environ 15 cm, nécessaire pour les phases de vol accéléré. Les commandes sont assez fermes dès le début du débattement. L’Omega ULS rentre en courbe sans inertie et avec des amplitudes à la commande courtes. On la pilote au poignet. En virage, l’Omega ULS reste bien tendue et travaille d’un bloc, à la différence d’une Skywalk X-Alp 5, par exemple, qui fonctionne sur ses demi-ailes, ou d’une Zeolite 2 qui se déforme davantage sur toute son envergure et ses bouts d’aile. L'Omega se déforme peu et garde des bouts d’ailes solides, puissants, qui développent beaucoup de portance. Même si elle est assez stable en roulis, il faut être efficace sur son contrôle dans les lignes droites : les bouts d’ailes peuvent générer de la portance et accélérer comme un coup de raquette, qui oblige à agir à la commande et un contrer la sellette. À ce titre, il sera indispensable d’utiliser un cocon qui donne de l’efficacité et de l’autorité dans le pilotage.
Au final, j’ai rarement vu une aile d’un tel allongement aussi maniable et aussi précise en virage. Cette homogénéité et cette précision sont déjà évidentes en début de fourchette, à 70 kg de PTV.
Plus chargé (à 75 kg avec la sellette Suspender), cette précision et cette tenue deviennent encore plus nettes. En se plaçant en haut de fourchette, on gagne très logiquement en vitesse et en rendement mais la voile devient plus dynamique, plus réactive sur le tangage, et réclame un peu plus d’anticipation dans le contrôle. Personnellement, je trouve que le meilleur compromis se situe avec la taille 21 autour des 72 kg de PTV. Avec cette charge alaire de 3.47, on est à la fois très efficace en thermique et on récupère facilement de la glisse et de la rigidité en utilisant l’accélérateur.
D'une manière générale, je me méfie des voiles trop rigides : elles sont très solides mais parfois préviennent mal. Tout va bien et... bing ! On s’en prend une bonne sans l'avoir vu venir. Je vole donc en restant méfiant... d'autant que j’ai récemment essayé une autre voile avec laquelle je me suis fait surprendre. Mais avec l'Omega, au fil des thermiques et des vols, j’ai découvert une voile qui communique très bien. On ressent bien tous les mouvements de l’aile et les variations de poids à travers les commandes. Cette Omega est très intuitive. Bien que plutôt rigide, elle prévient bien son pilote. Si bien que je l’ai vite adoptée en vol et que la confiance s’est installée rapidement. Mais comme je le dis souvent : notre aile est notre meilleure amie mais il ne faut pas oublier qu’elle peut avoir son petit caractère ! Mieux vaut ne jamais oublier qu'en l'absence de contrôle, un parapente peut fermer.
Le pilotage aux B est efficace et offre un bon contrôle du tangage avec des efforts moyens qui permettent de bien doser les amplitudes. L’accélérateur permet de gagner 15 km/h et reste assez souple à l’usage. J’ai pu mesurer une vitesse maximale de 54 km/h en étant accéléré à fond. À ce régime de vol, l’Omega reste toujours aussi lisse. Aucun tremblement en bord d’attaque ou autres déformations. L’aile prend juste un peu de flèche. Même s'il est très difficile de mesurer des vitesses et des taux de chute, on apprécie sur l’Omega ULS une plage de finesse maximale assez étendue qui démarre de la position bras hauts (environ 39 km/h) et finit au premier barreau à 45-46 km/h. Inutile de se poser la question d’accélérer ou pas : dès que l’aérologie pénalise notre finesse (dégueulante, vent de face...), il faut pousser. D’autant qu’au premier barreau, l’Omega est plus tendue et toujours aussi solide, voire plus solide que bras hauts.
Au deuxième barreau, il faudra être plus vigilant car, quelle que soit la voile, une fermeture à plus de 50 km/h sera bien plus difficile à gérer qu’une fermeture à 45 km/h. Quand l’Omega ferme sur une asymétrie, les regonflements sont plutôt progressifs. Un gros travail a été fait sur les réalimentations pour éviter ces reconstructions spontanées générant des réactions dynamiques toujours difficiles à contrôler. À basses vitesses, en spirales, avec les oreilles…
Un point très important pour une aile destinée à la X-Alps : les repos et les basses vitesses. L’Omega offre un durcissement très net aux grandes amplitudes et un débattement à la commande d’environ 60 cm (variable selon charge alaire). L’Omega ULS reste saine aux basses vitesses et on sent très bien le moment où on “perce” la voile (point de décrochage). L'allègement est très net et il n’y a rien de flou à ce niveau. La réussite de vos reposes dépendra exclusivement de votre dextérité.
En spirale engagée, elle prend rapidement et avec une certaine progressivité de l’énergie et demande à être pilotée pour sortir de sa rotation. J'ai trouvé de la neutralité spirale au-delà de 45° d’inclinaison. Rien de surprenant pour ce type de voile et pour les pilotes auxquels elle se destine. Mais n’oublions jamais que notre capacité à gérer la neutralité spirale dépend certes au départ de notre technique... mais aussi et surtout de notre fraîcheur physique ! À ce titre, le vol en parapente est un véritable sport qui exige d’être en forme pour encaisser de telles accélérations.
On peut faire les oreilles en utilisant les deux suspentes A3 de chaque côté qui sont au départ très dures, ou bien utiliser les deux B3 plus souples à l’usage et qui se redéploient plus facilement de façon autonome. C’est d'ailleurs cette méthode qui est préconisée par Advance.
J'en profite pour rappeler qu'il est très important de distinguer 3 sortes de débattement à la commande :
Le "débattement utile" est celui qu’on utilise pour manœuvrer la voile, mettre l’aile en virage et conduire ses virages. Il n’est pas mesuré en test d’homologation En.
Le '"débattement complet" qui correspond à la totalité du débattement disponible en vol droit. Ce débattement est mesuré lors des tests En. Plus ce débattement est court, plus le niveau d’homologation monte.
La “marge de sur-pilotage” concerne le débattement à la commande que l’aile offre lors d’une sortie de domaine de vol. Il est très difficile à mesurer avec précision mais on arrive à l'apprécier en prenant des repères avec les éléments du poste de pilotage : maillons-sellettes, élévateurs, poulies de freins, maillons élévateurs. Par exemple, sur un vol arrière, on estime assez facilement cette marge de surpilotage quand on fait son “bras haut” de sortie. Certaines voiles revolent à partir des maillons-sellette et d’autres avec les commandes au niveau des poulies. Cette marge n’est pas mesurée lors des tests.
L'Omega ULS est une aile très haut de gamme à tous niveaux : finition, comportement et performance. Son homogénéité, sa maniabilité et son côté intuitif sont ses points forts. En plus d’être très intuitive, elle offre un confort de vol et des performances que peu d’ailes de sa catégorie sont capables de fournir aujourd’hui. Dans la famille des EN-D légères, elle est à mes yeux la référence absolue car en plus de figurer parmi les modèles les plus légers, elle garantit une durabilité sans doute à ce jour inégalée.
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