Zoom sur les Strings -

octobre 16, 2025
Marc Boyer
Guides sellettes parapente
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Dans PMAG N°218, Marc Boyer présentait les voiles et sellettes adaptées au marche et vol, au vol rando cross, au vol bivouac et au paralpinisme. Aujourd’hui Marc zoome sur les harnais string.

Lors des premiers vols avec ce type de sellette ultra légère, on peut se sentir un peu nu. Il faut quelques vols pour effacer cette sensation et se sentir à l’aise. Une fois qu’on a pris confiance, c’est un véritable plaisir : légèreté dans les manips au sol, agilité au décollage, mobilité du corps, touch and go et reposes au déco beaucoup plus faciles qu’en grosse sellette, très faible volume plié. Au final, une grande sensation de liberté.

Cependant, même pour un équipement aussi ciblé, il faut commencer par définir l’usage que l’on en fera. Vol rando ? Soaring ? Voyage ? Il doit être léger et compact, bien sûr, mais il y a d’autres paramètres à considérer. La position en vol, le confort, le système d’accrochage, la possibilité ou non d’adjoindre une protection dorsale et un parachute de secours, et l’éventualité d’avoir un sac de portage intégré.

Distinguer les harnais ultra-light et les light

Harnais ultra-light

Minimalistes, ils pèsent moins de 300 grammes et s’adressent aux adeptes de vol rando et de paralpinisme pour qui le poids et le volume sont prioritaires. Une fois plié et rangé, un harnais ultra light peut se loger à l’intérieur du casque. Le plus léger et compact est le Ozone F-Lite 2 (seulement 100 grammes !) : c’est celui qu’ont utilisé Liv Sansoz, Zebulon Roche et Benjamin Védrines lors de leur décollage du K2 (8611m) le 28 juillet 2024. Dans le genre, on se souvient aussi de Blutch qui traversa l’Himalaya avec son Neo String.

Harnais light

Ils sont un peu plus lourds, un peu plus volumineux, plus rigides, mais ils offrent plus de confort et de modularité. Le poids moyen de ce type de harnais tourne autour de 900 grammes. Le plus léger du marché est actuellement le Neo StringPack 2 (870g en taille M). La plupart sont modulables, pouvant recevoir en option un airbag, un container parachute de secours, un sac réversible. Ils s’adressent aux pilotes qui n’utilisent qu’un harnais, pour voler sur site et faire du vol rando.

Comment choisir son harnais String ?

1. Position en vol

Nous avons tous des habitudes différentes. Chaque châssis propose une forme particulière au niveau de l’assise et du bassin. Cette forme ressemble à une cuillère plus ou moins creusée. Du coup, selon les harnais, on volera avec un bassin plus ou moins bas et les genoux plus ou moins relevés. Certains pilotes préfèrent voler avec le bassin assez relevé et les cuisses à l’horizontale, d’autres avec le bassin assez bas et les genoux relevés vers le haut. L’inclinaison du buste est un autre paramètre essentiel car il influe directement sur notre équilibre, notre stabilité en vol et notre confort. Si le harnais que vous convoitez n’a pas de réglage au niveau des dorsales, vérifiez qu’il vous donne une inclinaison qui vous convienne. Méfiez-vous des réglages conférant une position du buste incliné en arrière.

2. Système d’accrochage

Il existe deux systèmes principaux. Celui qui s’est imposé ces dernières années est l’ABS à cuissardes à ouverture frontale inventé par Eric Roussel et Néo. Avec ce système, on s’attache en reliant les deux cuissardes aux maillons principaux du harnais.

On le trouve sur : Advance Strapless 4, Dudek Sit&Fly, Gin Yeti Xtrem 2, Neo String 3, Nervures Expé 3, Skywalk Core Pure, Supair Everest 3, Woody Valley Denali.

En revanche, l’Advance Easiness 4, le Kortel Kruyer 3, le Niviuk Roamer 2P (205g !) et le Skywalk Breeze proposent une solution légèrement différente avec une fermeture sur les cuissardes.

Le deuxième système est plus classique : le pilote doit enfiler son harnais (il n’y a pas de système d’ouverture-fermeture). Ainsi, pas de risque d’oubli (fatigue, stress, altitude…). On trouve ce concept sur le Nova Montis ou l’Ozone F-Lite 2. L’ultra léger Kortel Kliff 3 dispose, lui, d’un système de connect dyneema intégré, très léger, nécessitant une petite manipulation qu’on peut éviter en faisant le choix de le laisser fermé (en ajoutant alors deux petits mousquetons ou deux autres Connect).

3. Protection

La protection passive n’est pas une priorité sur les harnais string. Certains peuvent cependant recevoir en option un airbag amovible. Citons : Advance Easiness 4, AirDesign The Slip, Kortel Design Kruyer 3 (avec son sac airbag Sak 3), Neo String 3, Nova Montis (avec son sac airbag Inverto), Skywalk Core Pure (avec son PermAir amovible), Supair Radical 4 (sac airbag amovible), Woody Valley Transalp 2 (protection gonflable). Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas qu’avec les strings, votre meilleure protection reste votre pilotage.

4. Confort

Même s’il est évident que les harnais string ne peuvent pas offrir le même confort qu’une sellette assise ou qu’un cocon, il faut reconnaître qu’ils ont énormément progressé sur ce point. Avec de bons réglages, il est désormais possible d’aligner confortablement des heures de vol, même avec des harnais ultra light de moins de 300 grammes.

Brève histoire du string

Les parachutistes et les alpinistes qui se mirent au vol de pente dès les années 1980 utilisaient d’inconfortables baudriers d’escalade complétés par un adaptateur pour le haut du corps. Le premier véritable harnais ultra light conçu spécifiquement pour le parapente date de presque 30 ans et on le doit à une marque canadienne : Thin Red Line. En taille unique, il était remarquablement bien fait. La marque fut bientôt rachetée par Supair qui choisit de ne pas conserver l’appellation et lança son propre modèle, la Radicale, bientôt suivie par la Nervures Expé. Bien plus tard, Eric Roussel et Ne ont inventé le système d’attache frontal qui s’est ensuite généralisé sur la plupart des sellettes strings proposées aujourd’hui sur le marché.

5. Le parachute de secours

Les harnais ultra light ne disposent pas de container parachute de secours fixe ou amovible ni d’ancrage aux épaules pour le parachute. Si vous voulez voler en string avec un secours, il faudra l’installer en ventral avec ancrage aux maillons principaux du harnais, ce qui est une très bonne solution. Parmi les strings light, quelques modèles proposent un ancrage secours aux épaules : Advance Easiness 4, Gin Yeti Convertible 2, Kortel Design Kruyer 3, Level Wings Fusion U3, Skywalk Breeze, Supair Radical 4.

Trois d’entre eux proposent aussi un container secours sous-cutal (souvent amovible) : Gin Yeti Convertible 2, Skywalk Breeze et Supair Radical 4.

À noter une solution très innovante pour les pilotes biplace qui volent en string et qui ont besoin d’être équipés d’un secours : le “Rescue back pack” Néo : c’est un sac dorsal contenant un container secours, il suffit d’enfiler le sac et de connecter le secours aux écarteurs du biplace. Enfin, le Strapless bi Advance est équipé d’un container secours biplace sous-cutal.

6. Sac de portage (intégré ou amovible)

Avec les harnais-sacs réversibles, le sac de portage est intégré au harnais et très souvent amovible : Gin Yeti Convertible, Kortel Kruyer 3, Niviuk Roamer 2, Nova Montis. Ce sac réversible est plus rarement fixé : Advance Easiness 4, Ozone Ozo 2.

7. Modularité

De plus en plus de harnais light sont modulables, permettant de passer d’un mode à l’autre, soit du simple harnais au harnais avec protection airbag, container parachute intégré, avec ou sans sac de portage. Si vous optez pour un modèle modulable, vérifiez que le montage-démontage des options (airbag, container parachute, sac amovible) ne demande pas des manipulations fastidieuses.

Choisir son harnais String : dernières remarques

Ces harnais peuvent évidemment être moins bien adaptées pour les très petits ou très gros gabarits.

Dans l’optique d’une recherche de légèreté maximum, on évitera évidemment des maillons ou mousquetons lourds. On leur préfèrera des petits Maillons Rapides Péguet en acier ou des connecteurs en fibre dynamique. Il existe aussi quelques mousquetons très légers comme ceux mis au point par AirDesign avec Edelrid, ou comme le nouveau Edelrid Aura.

L’utilisation des harnais light et ultra light incite forcément à bien gérer ses atterrissages. On voit rarement des pilotes poser sur les fesses avec ce genre de sellette : notre pilotage est notre meilleur allié, bien plus efficace que n’importe quelle protection passive. Dans les situations délicates, les jambes sont de bien meilleurs amortisseurs qu’une protection quelle qu’elle soit.

Plateau ou cuissarde ?

Beaucoup de pilotes ne connaissent que les traditionnelles sellettes à plateau. Les cuissardes ont pourtant de multiples avantages souvent méconnus. Le plus important est la stabilité qu’offrent les cuissardes. En l’air, sur des gros déséquilibres, les harnais à cuissardes limitent mieux qu’une sellette à plateau les effondrements. Lors des premiers vols avec ces harnais, on peut se sentir mal à l’aise et il faut un petit temps d’adaptation pour effacer cette sensation qui vient troubler les autres perceptions. Contrairement à une légende qui a encore la vie dure, une sellette sans plateau n’est pas plus instable qu’une sellette à plateau et c’est même tout le contraire. Par contre l’amortissement est moindre car on ressent directement les mouvements de l’aile. En ascendance, le pilotage et les sensations sont différents et il faut quelques heures pour s’adapter car le pilotage est moins dynamique : on prend un appui ou quand on fait un contre, la réaction de l’aile en roulis est moins marquée. Un string n’offre pas de bras de levier comme le fait le plateau d’une sellette. Le pilotage requerra moins de mouvements du haut du corps : un simple pédalage (appui de la cuisse) assure le placement de notre centre de gravité et permet de placer la voile avec précision. Les sellettes à cuissardes offrent une excellente précision de pilotage sur les petits angles. On peut ainsi garder le buste droit et être très efficace dans son pilotage sellette. Il est évidemment nécessaire, comme pour toutes autres sellettes, de bien régler sa sellette. Passer sur une sellette à plateau peu être difficile !

L'avis de Denis Cortella

(ancien multiple champion de France, concepteur de sellettes et fondateur de Kortel Design)

« Avec une sellette à cuissardes, on a une agilité et une aisance incomparables au décollage. Mais surtout, on bénéficie d’une meilleure stabilité car les élévateurs viennent s’ancrer plus haut. On ressent peut être un peu plus les petits mouvements de la masse d’air du fait de la dissociation des deux jambes mais aux grands angles et dans les fortes turbulences, l’amortissement naturel sera plus important. On a donc probablement une plus grande sécurité passive avec des cuissardes. En plus, avec des cuissardes, il est impossible de “tomber” du côté effondré de la sellette lors d’une grosse fermeture asymétrique. Enfin en thermique, on peut être quasiment aussi précis et efficace qu’avec une sellette à plateau, mais au prix de mouvements plus amples et à condition d’avoir déjà une certaine habitude. Il reste à préciser que ces sellettes minimalistes conviennent à des voiles tolérantes, disons de catégories A et B. »

L'avis de Frédéric Collin

(moniteur Chamonix Parapente)

« Habitant une région de montagne, c’est tout naturellement que je me suis équipé de sellette à cuissardes afin d’alléger le matériel. À force de pratique, l’utilisation de ces sellettes s’est généralisée dans mes vols, que ce soit en rando, en montagne, en stage avec des élèves et de plus en plus en vol thermique, et même sur des petits cross. Je retrouve avec ce matériel une agilité et une aisance incomparables au décollage. En l’air, un certain nombre de vols est nécessaire avant de se sentir à l’aise mais une fois qu’on a pris confiance, c’est un véritable plaisir : sensation de liberté, mobilité du corps, touch and go et repos au déco beaucoup plus faciles que lorsqu’on est engoncé dans une grosse sellette. En conditions thermiques, en aucun cas la sellette à cuissardes n’est un handicap pour enrouler.

Je reste régulièrement plus d’une heure en vol avec ma sellette string et je n’ai jamais écourté un vol pour manque de confort. Et le bonheur de retrouver un sac light est vraiment magique. On n’hésite plus à voler : plouf, déco sauvage, marche d’approche, le sac toujours dans la voiture et au final on cumule bien plus d’heures de vol dans l’année qu’avec l’artillerie lourde ! Les années passant, j’affectionne toujours ce genre de matériel. Cependant avec l’évolution de nos jouets, je combine voile/sellette doit être en adéquation. L’apparition des voiles 2 lignes avec une utilisation régulière de l’accélérateur au pilotage aux arrières est beaucoup plus adapté aux cocons. La chasse à la traînée et l’optimisation de l’écoulement de l’air avec des carénages arrières aérodynamiques ne sont pas très compatibles avec des sellettes string. Pour ce genre de voiles, les cocons light sont une bonne solution si l’on veut rester dans l’esprit light. »

La plus légère

Ozone F*Lite 2 : seulement 100 grammes ! Plus une sellette est légère, plus il faudra être soigneux et accepter, par exemple, que si l’on trotte au sol au décollage ou à l’atterrissage, on pourra “démonter” la sellette.

Dans une recherche d’extrême légèreté, certaines sellettes ont des bretelles réduites à de simples élastiques, comme par exemple l’AirDesign The Slip 2, l’Advance Strapless 4, la Kortel Kliff 3, la Neo The String 3 ou la Woody Valley Denali.

Conclusion

"Pas facile de s’y retrouver avec toutes ces options. Allez à l’essentiel, définissez vos priorités. Ne cherchez pas un harnais ultra light équipé d’un airbag, d’une poche parachute et d’un sac de portage intégré, avec un poids en dessous de 1 kg : ça n’existe pas ! Pas plus qu’un harnais light avec toutes les options, qui serait gros comme un pamplemousse.

Au final, de plus en plus de pilotes finissent pas s’équiper d’un harnais ultra light pour voler en montagne, en air calme, faire du gonflage, du soaring en bord de mer, se sentir léger et libre. Il sera facile à emporter partout, en plus d’une sellette plus conséquente pour les vols en thermiques.

Il existe aussi des grosses sellettes avec des cuissardes, comme par exemple Advance Progress 3, Gin Switch 2, Kortel Design Kuik 3, MCC-Aviation ViceVersa ou Woody Valley Crest, mais là, on n’est plus dans le domaine des strings."

Explorez tous nos guides sur les sellettes

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