- Marc Boyer
- Guides sellettes parapente
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Cale-pied, ce faux ami !
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Un commerçant n’a jamais intérêt à dire que tel matériel n’est pas forcément utile et peut même être contre-productif. Mais je suis avant tout un moniteur de parapente, passionné par l’enseignement, le matériel et impitoyable en matière de sécurité. Concernant le cale-pied, je suis assez réservé, voici pourquoi.
Le cale-pied facilite l’installation dans la sellette, notamment quand le pilote a du mal à se caler au fond du châssis. Juste après le décollage, en poussant sur son cale-pied, il finit son installation et est ainsi plus vite opérationnel sur une phase du vol toujours critique car on est encore proche du sol et parfois ça tartine dés le départ. Il est donc important d’être rapidement installé, prêt à piloter, disponible pour contrôler sa voile.
Le cale-pied procure en outre du confort supplémentaire. Comme un cocon quand il est bien conçu, il soulage en partie le poids des jambes : on se fatigue donc un peu moins qu’en position assise. En invitant à voler avec le buste davantage incliné en arrière, le cale-pied atténue aussi les zones de compression au niveau des lombaires (plus on vole avec le buste en arrière et moins on ressent de gêne au niveau du dos). Cette position du buste plus incliné en arrière permet de placer plus facilement son regard vers le haut, si bien que, sans lever les yeux, on a à la fois dans son champ de vision, l’horizon et son bord d’attaque. Avec un cale-pied, un pilote doit être gainé pour pouvoir maintenir cette position jambes tendues et un pilote gainé est déjà préparé à placer un appui-sellette ou un contre-sellette.
Enfin, dernier avantage : pour les pilotes ayant des jambes longues qui se plaignent de points de compression sous les cuisses et au niveau de la planchette d’assise, le cale-pied soulage cette zone.
Mais tous ces avantages sont au détriment de la stabilité du pilote ! En effet, regardons ce que le cale-pied exige en matière de pilotage et ce qu’il peut générer comme problèmes...
La position du buste, incliné en arrière, va dégrader notre stabilité. Sur un gros déséquilibre (grosse fermeture) on risque d’être surpris car le mouvement de bascule arrière sera bien plus fort et accompagné d’un mouvement de lacet pouvant induire du twist.
Solution : éviter les réglages trop en arrière (ne pas dépasser 30° d’inclinaison) et apprendre à fléchir les jambes en ramenant les talons sous l’assise.
Le cale-pied verrouille le pilote dans sa position assise jambes tendues : il aura tendance à rester figé dans sa sellette et n’aura presque plus aucune mobilité au niveau du bassin : le pilotage sellette est ainsi nettement dégradé, on perd de la précision, on n’est plus en mesure de placer des contres efficaces en cas de besoin. Il est cependant possible de piloter à la sellette en prenant des appuis par enroulement (comme avec un cocon) et en poussant légèrement sur le pied à l’intérieur du virage.
La position jambes tendues génère de l’instabilité en lacet, notamment en ligne droite où notre aile est moins stable sur trajectoire et plus fragile qu’en virage ou quand on spirale. En ligne droite, on a donc intérêt à placer ses avant-bras le long des élévateurs pour pouvoir enrayer les mouvements de lacet en prenant des appuis. On peut aussi plaquer la paume des mains le long des élévateurs pour mieux contrôler les mouvements et gagner en stabilité. Souvenons-nous toujours que c’est en ligne droite que nous sommes le plus vulnérable à la fermeture !
Le cale-pied peut donner une forte impression de stabilité, induite par le gainage. Cette stabilité est réelle sur des petits mouvements de voile et le pilote est donc rassuré car il se sent plus stable que jambes pendantes. Mais il s’agit plutôt d’amortissement que de stabilité : en effet, le cale-pied amortit en filtrant tous les petits mouvements, ce qui est agréable et rassurant... mais cette impression de stabilité est fausse car sur un gros déséquilibre, le cale-pied ne limitera pas la soudaine instabilité, au contraire il l’empirera, et d’autant que le pilote restera jambes tendues.
Le problème vient essentiellement de cette position jambes tendues, si le pilote la conserve lors d’un incident de vol. Lorsqu’on est surpris par une fermeture massive, ce sont des réflexes de terrien et de protection qui resurgissent : on tend ses jambes tout en prenant appui sur ses commandes ! Lâcher le cale-pied, rétracter les jambes... ça peut paraître simple, mais ce n’est pas un geste instinctif. C’est un automatisme à mettre en place en s’y entrainant. Il faut donc se former, s’entraîner à fléchir les jambes (relâcher le cale-pied) en cas de grosse fermeture.
Sans parler de gros incidents près du sol dans une grosse descendance : j’ai vu des pilotes tendre leurs jambes et freiner leur voile dans du gradient près du sol !
Dernier point, le cale-pied peut poser des problèmes lors de l’extraction de votre parachute de secours. Il ne faut surtout pas lâcher le secours car il y a un risque de voir passer le parachute à l’intérieur du cale-pied…. C’est pour cette raison que certains fabricants proposent des cale-pieds largables qui se détachent à partir du moment ou l’on extrait son parachute.
Même si le cale-pied peut être utilisé transitoirement pour passer d’une sellette assise à un cocon, il ne vous offrira jamais tous les avantages du cocon tout en vous apportant les mêmes inconvénients.
Le vol en cale-pied exige les mêmes gestes et les mêmes prérequis que le vol en cocon : de très bonnes notions d’équilibre dans la sellette, un pilotage sellette actif et efficace, un bon placement des avants bras, une rétractation entièrement automatisée des jambes sur les gros déséquilibres. De plus, je vous déconseille de rajouter un cale-pied sur votre sellette si elle n’est pas pré-équipée pour le recevoir.
Évitez également les cale-pieds bricolés qui, à coup sûr, ne seront pas efficaces en matière de soutien et de confort et dégraderont sans doute encore plus votre stabilité dans la sellette. Si vous envisagez d’utiliser un cale-pied, choisissez un modèle de sellette prévu et étudié pour ça. Si vous avez tous les pré-requis pour voler en cale-pied, alors oui, mais faites l’acquisition d’un cocon ayant fait ses preuves en matière de stabilité, pilotage, amortissement et confort.
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